promenades floues
Promenades guidées avec des lunettes floues modifiant la vision.

De Manolie Soysouvanh et Mathias Poisson avec la participation d’Esther Salmona

Dans le cadre du festival MIMI sur les iles du Frioul à Marseille

Mercredi 7 et jeudi 8 juillet à 19h,
vendredi 9, samedi 10 et dimanche 11 juillet à 17h et à 19h

Durée approximative de la balade : 1h
Chaussures adaptées à la marche conseillées.
Inscription fortement conseillée au 04 95 04 95 50

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Promenade Floue est une expérience pour un groupe de 10 spectateurs guidés en silence. C’est une performance qui utilise les paysages comme support d’évocation personnel en s’appuyant sur la modification des perceptions visuelles. Au départ de la promenade, chaque spectateur chausse une paire de lunettes spéciales. Ces lunettes donnent à voir un paysage totalement flou au point de rendre abstraits et méconnaissables des espaces connus. L’environnement perd ses contours, il prend des formes arrondies juxtaposées sur un même plan. Les masses et les couleurs se révèlent. Mouillé par la diffraction de la lumière, noyé dans les sensations colorées, immergé dans la douceur, surpris par l’absence de perspective, le promeneur bascule dans un monde qu’il ne peut plus saisir. Il n’a plus accès aux détails visuels de la réalité. Ses repères les plus quotidiens sont brouillés. Il ne peut plus mesurer les distances ni le temps qui passe. Il s’en remet alors à ses autres sens, à son imagination et à ses guides. Progressivement, il s’habitue à ce mode perceptif et ajuste sa démarche pour évoluer dans des espaces complètement inconnus qui se révèlent de plus en plus doux et tendre à traverser.

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Les guides permettent aux promeneurs de passer une série de paliers dans l’expérience comme lors d’une plongée en eau profonde. La première étape est l’adaptation motrice pour retrouver sa mobilité et son équilibre. Pendant les cinq premières minutes, la marche est lente sur un terrain plat. La deuxième étape consiste à quitter les habitudes de reconnaissance des lieux et à installer la confiance entre promeneurs et guides. Les étapes suivantes sont imaginées selon les lieux et les scénarios choisis par Manolie Soysouvanh et Mathias Poisson (plonger dans la picturalité d’un paysage, suivre la lumière comme un guide, avoir la sensation d’être seul sur terre, d’être en fuite). À partir d’un moment, le promeneur bascule dans un état de conscience où il perd la notion du temps et de l’espace pour apprécier sans retenue des visions imaginaires, des sensations exacerbées, des images sorties de leurs contextes.



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Chaque promenade est élaborée suivant une dramaturgie précise, elle est pratiquée de nombreuse fois avant d’être ouverte au public afin de pouvoir répondre aux événements imprévisibles de l’espace public. Les parcours sont définis dans des espaces contrastés (centres commerciaux, espaces naturels, rues, intérieurs privés). Des événements sonores, visuels, performatifs sont mis en place (trajet véhiculé, temps d’observation d’un paysages à l’œil nu, bande son superposé à l’ambiance d’un lieu, transformation des couleurs des guides, fabrications de sculptures floues ou lumineuses). Chaque promenade révèle un type d’attention et d’observation spécifiques aux espaces traversés.
Au retour de la balade, les promeneurs arrivent dans un espace calme où les lunettes leur sont ôtées. Un temps de décompression est nécessaire à la suite de cette expérience. Un temps de parole est ensuite bienvenu, les promeneurs se retrouvant, souvent, dans le besoin et l’envie partager leurs impressions. Récits du vécu émotionnel : réminiscence, histoires personnelles, mémoires enfouies, enfance, rêveries, fantasme, hallucinations. Récits d’expérience esthétique au cœur d’un tableau de Mark Rothko, Gerhard Richter ou William Turner, dans un film de cinéma expérimental. Récits du vécu du corps : sensations, perceptions, déficience ou exacerbation des sens.

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Cette proposition de promenades floues est une expérience artistique d’une grande simplicité, elle est basée sur la perception que chaque promeneur a des espaces traversés.
Aucun effet technologique, aucun artifice, aucune représentation spectaculaire en frontalité (pour maîtriser ce qui est vu par le spectateur). Au contraire, c’est au cœur du réel, au cœur de la subjectivité qu’une échappée est possible, que la conscience du monde est modifiable par chacun à son endroit de recherche personnel. Ainsi, les promenades floues permettent de mesurer combien nos perceptions et nos sensations sont fines et précises, combien notre expérience et nos conditionnements sont fort dans nos habitudes quotidiennes. Voir moins, avoir moins dans une époque qui cherche à nous promettre toujours plus de capacités et plus de possibilités, permet de relativiser et d’apprécier ce que nous possédons : la sensation de l’existence, la capacité de percevoir et se représenter le monde.

Les Promenades floues posent aussi la question du guidage et de la confiance. Pour apprécier cette balade, les promeneurs doivent accepter de faire confiance à des guides attentifs et muets, accepter de percevoir les choses autrement, de s’adapter à un nouveau rapport à l’espace et de lâcher prise sur la compréhension de l’environnement. Expérience troublante qui se fait dans la solitude car chaque promeneur est indépendant dans sa marche silencieuse. Une épreuve de confiance où chacun doit trouver son rapport de distance, de confiance avec les guides et avec lui-même.

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photos Mathias Poisson



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Les promenades floues ont été présentées :

à Puyloubier (au pied de la montagne Sainte-Victoire)
dimanche 20 septembre 2009
avec l'association voyons voir

à Aix-en-Provence
tous les samedis du mois de juin 2009 au départ de la cité du livre
dans le cadre de la programmation seconde nature (festival et exposition)

à Marseille aux Journées Jouables
du mercredi 26 au samedi 29 mars 2008
à cap 15 (marseille)
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