ANGOLA

ANGOLA est un projet en cours de réalisation dont l’écriture a débuté pendant l’été 2006. ANGOLA se développe à partir d’une pratique vidéographique, mais ne se borne pas au médium filmique puisqu’ANGOLA entame un travail de recherche plus tentaculaire (installation vidéographique et spectacle vivant).

Au départ il y a la lecture d’un livre, le troisième policier de Flann O’Brien. Je reconnais dans ce roman, un univers, des sensations en prise directe avec le travail entrepris sur le projet Global garden ou les jardiniers suspendus.
Rapidement je cherche, non à «adapter» ce livre, mais à travailler avec lui, autour de lui. Croiser les références; inventer comme une archéologie poétique et polémique du XXème siècle et du contemporain ; tenter comme la reconstitution
d’une encyclopédie implosée dont je ne retrouverais que des lambeaux impossibles à ordonner (il y aurait des extraits du journal de Joseph Goebbels, des témoignages de migrants subsahariens, des extraits d’articles géopolitiques, une transposition chorégraphique de La montagne de Balthus, des percées de la poésie parodique de Flann O’Brien et de Max Jacob, la présence du Prince de Machiavel, des fragments de textes antiques (Géographie de Strabon et la satire ménippéenne de Lucien de Samosate...).

En convoquant ces matériaux hétérogènes, je m’emploie à dresser l’étrange et fluctuante topographie qui se joue dans le troisième policier. Et du même coup à renvoyer un peu de la balle foisonnante et insaisissable que nous jette le monde.
Opérer par glissement et accumulation afin de s’approprier une pluralité d’échelles historiques ou géographiques et une diversité de valeurs esthétiques.

Ainsi surgira un jeu de relations, jeu parfois grinçant ou cruel, parfois burlesque ou absurde, un jeu qui tissera des rapports entre des textes, des corps, des paysages, des intensités, des vitesses.
Grâce à leur coexistence et leur tissage d’un même plan, des textes hétérogènes, des postures dissonantes ou des événements à priori divergents mettront à mal leur hiérarchisation. Qu’est-ce qui dès lors s’y trame ? Une colère, une comédie, une poétique protéiforme, un état des lieux, un symptôme...?

Guillaume Robert.